Il y a quelques jours de cela, j'ai vu passer une petite annonce concernant ce DAC en panne, à prix intéressant :
Après avoir effectué quelques recherches sur la toile, j'ai vite compris qu'il s'agissait d'un appareil du même type que celui que j'ai personnellement construit dans ces années là. Ce DAC date de 1993. J'ai, quant moi, réalisé à peu près le même appareil en 1994. Le début des années 90 marque à mon sens l'apogée des réalisations en audio numérique. Cela faisait une bonne dizaine d'années que la technologie ne cessait d'évoluer pour arriver à des composants de très bonne qualité et faciles à utiliser.
Depuis, la fréquence d'échantillonnage et le nombre de bis n'ont cessé d'évoluer pour des arguments bien plus commerciaux que de qualité. Il restera toujours l'appréciation subjective de la qualité du filtre numérique de construction : ca n'est pas le sujet. Tant que le standard du CD audio restera à 44,1KHz, il en sera ainsi.
Ce DAC utilise un récepteur SPDIF Yamaha YM3623B suivi d'un filtre de sur-échantillonnage toujours de chez Yamaha, le YM3434. Le convertisseur numérique/analogique est, quant à lui, un AD1864 traitant simultanément les deux voies audio. La chaîne de traitement audio que j'avais utilisé dans mon DAC se constituait aussi d'un YM3623B mais suivit d'un filtre DF1700P de chez Burr-Brown puis d'une paire d'AD1862, la aussi de chez Analog Device. Le tout pour un traitement final en 20 bits, alors que ce DAC Orelle dispose d'un convertisseur final de 18 bits.
Les deux appareils sont donc semblables.
Le DIR, le filtre et le convertisseur N/A |
Pour en revenir au DAC Orelle, dès son allumage, j'ai été gratifié d'une belle nappe de fumée blanche typique d'un condensateur consumé. Je m'y attendais un peu car dès la première inspection de la carte électronique, j'avais constaté qu'il restai quelques condensateurs au tantale. Ils sont faciles à repérer avec leur forme de goutte et leur couleur orange. Une fois la fumée dissipée, j'ai pu effectivement constater les dégâts :
Ce type de condensateur n'explose pas mais se consumme simplement. Les fumées sont bien évidemment toxiques, il faut donc éviter de les respirer. Bien que les alimentations régulées de certaines parties de l'appareil étaient devenues potentiellement moins fiables, j'ai quand même allumé de nouveau l'appareil pour vérifier si certains composants chauffaient plus que de raison. A ce stade je n'ai rien constaté de dramatique.
Je n'ai pas poussé plus loin les tests et ai décidé en premier lieu de changer tous les condensateurs restant au tantale, ainsi que ceux qui avaient été précédemment remplacés.
J'ai donc placé des condensateurs standards électrolytique mais non polarisés. Le résultat donne ce nouvel aspect :
Plus de couleur orange sur la carte! |
Sans plus de préparation que cela de m'a part, j'ai donc rebranché ce DAC sur le secteur, l'ai allumé et ai contrôlé quelques signaux à l'oscilloscope. L'ensemble des circuits semblait fonctionner normalement. Les tensions d'alimentation étaient aussi celles attendues. J'ai donc connecté ce DAC sur une source SPDIF. Quelques secondes plus tard j'entendais le relai de connexion des sorties s'activer en même temps qu'un signal sonore sortait de mes enceintes de test. Après quelques heures de fonctionnement, ce DAC ne présente aucun problème.
Test de fonctionnement... |
La construction de ce DAC est vraiment bien pensée (hormis les condensateurs au Tantale qu'il ne faut jamais utiliser). Le circuit imprimé est de très bonne facture et bien réalisé. La distribution des alimentations est efficace. Des transformateurs distincts ont été utilisés pour la partie numérique et la partie analogique. Le boitier, enfin, est en aluminium. Force est de constater que son aspect tant extérieur qu'intérieur ainsi que son vieillissement dans le temps est bien meilleur qu'un boîtier identique en métal zingué. De plus, et contrairement à nombre de DAC dits 'de haut de gamme', il n'a pas été fait ici d'usage disproportionné d'épaisseur d'aluminium comme l'on peut trouver sur certaines face avants : ridicule mais commercialement efficace.
A ce propos, le désintéressement pour ce type d'appareil a été concomitant à l'apparition, à partir du milieu des années 90, de circuits intégrés proposant toujours plus de bits de résolution associé à des fréquences d'échantillonnage stratosphériques pour un prix toujours plus bas. Cette guerre aux chiffres et l'inflation de l'épaisseur des faces avant ne sert évidemment que l'intérêt des commerciaux face à des acheteurs naïfs. Pour la qualité sonore, le sujet ne se quantifie pas seulement à des données objectives et, mises à part quelques règles de base qui doivent être respectées lors du développement de ce genre d'équipement, est plus affaire de gout personnel et de règles de 'savoir vivre' audio.
Mis à part la tentative du SACD dont personnellement je n'entends plus parler depuis déjà for longtemps, l'accent semble se porter dorénavant sur le caractère 'artisanal' de ce genre de réalisation. Je pense qu'il est temps pour moi de reconsidérer l'appareil que j'ai créé en 1994 en lui ajoutant cette fois un caractère bien personnel! Je ne vois en effet aucun intérêt à reconstruire un DAC avec des convertisseurs aseptisés disponibles en quantité pour moins d' un Euro!
Pour compléter quelque peu ce petit sujet, certains constructeurs de DACs se sont mis à installer des tubes électroniques dans leur réalisation pour ajouter ce 'fameux' effet tube au rendu sonore. Personnellement je trouve cette pratique quelque peu douteuse, mais bon, commercialement cela permet de faire du lourd et donc de vendre à un prix bien plus élevé un appareil qui donnera peu ou prou les mêmes résultats que le DAC Orelle ci-dessus.
Un bel exemple de ce type de réalisation est le Tri-Vista 21 de Musical Fidelity. Ce DAC est parfaitement étudié et réalisé et donne, je n'en doute pas, un rendu sonore exceptionnel :
On reconnait l'architecture de la machine, qui ressemble à bien des égards à celle du DAC Orelle, mais en beaucoup plus imposant. Je n'ai l'ai pas eu entre les mains, mais c'est assez amusant de constater que les deux gros transformateurs à l'avant plan semblent ne pas être des transformateurs haute tension imposés par l'utilisation de tubes électroniques (qui semblent fonctionner en basse tension), mais des selfs de filtrage de l'alimentation symétrique de la partie analogique de ce DAC. Du vraiment lourd donc!
Bonjour, j'ai lu avec attention votre article de 2020.
RépondreSupprimerJ'ai l'occasion d'acheter le dac ORELLE DA-180 (environ 200€) et je souhaiterais vous demander votre avis au regard de l'âge du dac ORELLE, en comparaison des dacs actuels, y compris chinois (Topping D90SE par ex....). Si il tombe en panne, sa réputation comme vous l'avez réalisé dans votre article est de quel ordre de prix.
Sinon, suite à votre remarque à la fin de votre article, j'ai également la possibilité d'acheter un Tri Vista 21 (bien plus cher, plus de 1000€)....
Pouvez m'aider à prendre une décision ?
Bien cordialement