dimanche 22 mars 2020

Corona : activités d'éveil

Avec le confinement imposé à cause, ou grâce (à chacun son interprétation) du/au Coronavirus, du "temps de cerveau disponible" demande à être occupé. Et, avec ce printemps naissant, il n'est pas idiot de penser petit ménage. Il est donc l'heure de ressortir des 'vieilleries' des cartons afin d'en vérifier le possibilité de remise en fonction et, dans le cas contraire, de mise définitive au rebus.

Et pour commencer, un DAC audio, réalisation personnelle de 1994, dont j'évoquais l’existence dans un récent article sur le dépannage d'un DAC DA-180 de marque Orelle.

Le DAC personnel est en haut. Le DAC Orelle est tout à fait en bas.
Ma configuration consiste en une interface Presonus FP10 que j'ai dépanné il y a presque un an et qui fonctionne toujours à merveille. On retrouve d'ailleurs ce genre d'interface en occasion pour pas très cher, renouvelées par des appareils au bus USB 3. En effet cette FP10 est équipée d'un bus IEEE1394 (Firewire) rendu inutilement obsolète sur les ordinateurs récents (depuis 2012). 

Personnellement j'utilise un PC I5-4690 @ 3.50GHz avec carte additionnelle 1394 qui date de 2014, sous Windows 7/64. Et cela fonctionne très bien. Je possède un autre PC équipé d'un Core 2 Duo que je vais quand même remplacer parce qu'il manque maintenant d'un peu de souffle. En fait c'était ma machine précédente, à l'origine sous Windows XP. Le passage à Windows 7 l'à bien évidemment ralenti sans pour autant apporter de services ou de fonctionnalités supplémentaires : obsolescence pré-programmée!

A quoi ressemble l'intérieur de ce DAC? Et bien il ressemble fortement au DAC Orelle :


Dans le principe, l'architecture des deux DAC est la même. Une entrée SPDIF reçoit les signaux numériques et les mets en forme à l'aide de circuits TTL puis ces signaux passent dans le décodeur SP/DIF YM3623B de Yamaha. L'information décodée passe alors par un filtre à sur-échantillonnage x 8 de Burr-Brown (société aujourd'hui disparue, rachetée par T.I) de type DF1700P, avant d'être distribué aux deux convertisseurs numériques/analogiques AD1862 de chez Analog Device.

Une batterie de régulateurs s'occupe de générer les différentes tensions régulées aux différents étages numérique et analogiques de l'appareil.

Par rapport au DAC Orelle, les principales différences sont :
  • Une entrée numérique cuivre qui ne passe pas par un transformateur d'isolement.
  • Un filtre à sur-échantillonnage de marque différente.
  • Deux convertisseurs numériques/analogiques distincts au lieu d'un seul.
  • Les régulateurs sont tous regroupés au même endroit de la carte et non disséminés.
Pour le reste, c'est à peu près la même chose.

Le récepteur SP/DIF et le processeur 87C750.

Le filtre à sur-échantillonnage DF1700P.

Les deux convertisseurs numériques/analogiques AD1862.
Les plus de ce DAC par rapport au DAC Orelle :
  • Chaque canal dispose de son propre convertisseur.
  • Le filtre DF1700P 'supposé' être le 'MUST' de l'époque.
  • Un processeur qui gère le fonctionnement de l'appareil ainsi que l'affichage des informations.
  • La possibilité de modifier la stéréo L/R ou R/L.
Dans le mode de fonctionnement, quasiment rien ne différencie ces deux DACs. Cependant à l'écoute, je préfère le mien (forcément?). La présence du bas-médium est clairement plus définie et plus présente, donnant un aspect plus rond, moins agressif au message sonore. J'ai évidemment utilisé la même source et les même transducteurs. En fait, c'est au redémarrage de mon DAC que la différence de reproduction sonore s'est immédiatement fait jour, me laissant à penser que je suis potentiellement 'objectif' dans mon appréciation.

Le mieux de 'mon' DAC par rapport à celui d'Orelle :
  • L'affichage des informations du signal audio.
  • la possibilité d'intervertir les deux canaux.
Sur ma machine, j'affiche par des LEDs la fréquence d'échantillonnage : 32KHz; 44,1KHz et 48KHz,
ainsi que la présence, ou pas, du système de de-emphasis. La permutation des canaux est aussi effectuée par ce processeur grâce à un bouton sur la face avant, ainsi qu'à une GAL de type 16V8 qui assure la permutation numérique au sortir du filtre à sur-échantillonnage.

Note : vous pouvez trouver les datasheets de ces composants ce sur site (lien effectif au 22/03/2020).

Un peu de technique : la remise en fonction de ce montage.

Il y a quelques années de cela (plus de 10 ans sans doutes), j'avais tenté une expérimentation sur les signaux numériques en sortie de filtre. Outre le fait que ces expérimentations n'avaient rien donné, j'avais détérioré la GAL. Une de ses sorties ne fonctionnait plus rendant le DAC monophonique. J'avais alors remplacé cette GAL par un bout de circuit imprimé sur lequel j'avais soudé deux circuits logiques. La réparation était fonctionnelle mais vraiment pas esthétique.

Grâce à la partie 'heureuse' de la mondialisation, la Chine propose toujours tout un tas de composants considérés comme obsolètes en occident. Il faut avoir ses sources parce que le risque d'acheter ce que l'on appel un fake (faux composant) est grand. Je me suis donc procuré il y a quelques mois quelques exemplaires de GAL de type 16V8 de marque Lattice.

J'ai donc décidé de reprogrammer une de ces GALs pour 'réparer' mon DAC. Sans trop rentrer dans les détails, il est aujourd'hui possible de programmer ce genre de composants avec ce type de programmateur : 


Il s'agit du modèle Tl866A/CS. Si vous êtes intéressés par cet appareil peu cher, versatile et efficace pour moins de 30€, je vous suggère de consulter le site du fabriquant pour des informations complémentaires sur sa disponibilité et les mises à jour des logiciels : http://www.autoelectric.cn/. Attention, il existe quantité de contre-façons plus ou moins fiables, suivez les conseils donné sur ce site.

l'étape préliminaire consiste quand même à posséder le fichier adéquate à donner au logiciel du programmateur. La, ça se complique un peu. Pour un circuit programmable de type PAL/GAL, le format de fichier à fournir doit être au standard JDEC. Il faut donc trouver le logiciel adéquate.

La solution existe et se trouve ici : https://www.microchip.com/design-centers/.

Il s'agit du logiciel WinCUPL. A l'origine développé par Atmel, le fabriquant originel des GAL. Ce logiciel est toujours disponible sur le site de Microchip, la société qui à absorbé Atmel en 2016. Le numéro de série est même donné.

Une fois que vous aurez téléchargé les 21Mo du logiciel et que vous l'aurez installé, vous tomberez sur ceci : 


L'interface est minimaliste. Vous allez dans 'File' et demandez un nouveau projet, vous remplissez les quelques informations et voilà : 


Il n'y a plus qu'à remplir les informations pré-définies (j'ai demandé 5 entrées et 5 sorties dans la fenêtre de création d'un nouveau projet). Une fois les équations rentrées et la compilation effectuée (menu 'RUN'), le fichier JDEC associé aux équations est créé.

Une petite remarque pour les francophones : le logiciel n'accepte aucun caractère étendu, même en commentaire!

'Equipé' du fichier JEDEC, il ne reste plus qu'à programmer la GAL de façon tout à fait standard avec le logiciel idoine : 


Et voilà... Les trois images ci-dessus ne correspondent pas à la réalité puisque je n'ai pas créé les équations à l'aide de ce PC, mais l'enchaînement des opérations est bien celui-là. En fait les équations sont tellement simples que je n'ai pas (osé) jugé utile de les publier! Le résultat réel est tout à fait opérationnel et mon DAC fonctionne de nouveau comme à l'origine.

A l'époque, j'avais du réaliser moi-même un programmateur de GAL à partir d'une publication du magazine Elektor :


Petit hommage à ce magazine qui fût la suite logique à Electronique Pratique. Il me permit de passer à l'étape au-dessus (comme on dit). Ce numéro d'avril 1992 m'avait donc donné l'occasion de construire ce programmateur de GAL, que je ne possède plus depuis longtemps mais dont j'ai trouvé une image sur le web : 

http://erricous.free.fr/Electronique/toolele.html
Et puisque j'évoquais Electronique Pratique, j'ai aussi trouvé sur le web le premier exemplaire qui me fût offert en mars 1980 et à partir duquel j'ai réalisé ce mégaphone : 


J'en ai même récupéré une version électronique en PDF couleur à cette adresse : http://www.retronik.fr/. D'ailleurs si vous disposez toujours des supports papiers dignes d'intérêts, je vous invite à contacter ce site pour en faire don.

Un petit hommage donc, à ces deux revues aujourd'hui disparues. 

Dans le même style, j'évoquerai la revue du Haut-Parleur avec des descriptions électroniques et informatiques intéressantes, grâce auquel je me suis décidé pour l'achat d'un Sharp PC-1500 : 


Ou encore la revue Radio Plans avec cette superbe série d'articles sur leur synthétiseur SSM2000 : 


Sans oublier la revue Micro-Systemes qui proposait quantité d'informations et de réalisations. Sur cet exemplaire, je me souviens avoir réalisé l'alarme antivol et m'être retrouvé avec un ami (Je m'en souviens Christophe) chez un vendeur de composants parisien, à copier à la main le code hexa dans le logiciel du programmateur que possédait le vendeur. Les prix de l'époque ne me permettaient pas d'en posséder : 


L'alarme en question.

Et son code Hexa.
Et enfin la revue L.E.D. La seule revue dont je possède encore tous les numéros papiers achetés à l'époque. Une mine d'information sur l'audio, les amplificateurs et les tubes. Ce numéro particulier inaugurait une série d'articles en forme de cours sur l'utilisation des tubes électroniques en amplification. Cela m'avait conduit à utiliser un amplificateur réalisé par un professeur de l'époque à base d'EL520 : un pur bonheur d'écoute : 

Un grand merci à tous les auteurs de ces revues qui m'ont permis de savoir ce que je sais et aux quelques enseignants qui m'ont transmis le virus... de l'électroniques ;-)

Pour en finir avec les caractéristiques de cette étude de DAC, je ne peux résister à l'évocation du micro-contrôleur utilisé : un 87C750. Il s'agit d'une version très simple d'architecture 80C31 qui, pour celle équipée d'une fenêtre UV, est effaçables. Inutile de préciser qu'il n'était pas question sur ce processeur de programmation in-situe, et encore moins de débogage temps réel. La bonne vieille méthode de la programmation sur carte spécifique, du tests sur carte finale et de l'effacement/correction de bug/ reprogrammation devait être utilisé.

Pas de programmation en C non plus, uniquement de l'assembleur. Et à la vue des caractéristiques du circuit, j'ai été obligé de programmer moi-même toute la gestion du bus I2C. La belle époque quoi!


Les caractéristiques de ce micro-contrôleur semblent ridicules aujourd'hui. Et pourtant cela permettait de faire pas mal de choses évoluées avec de la patience. 

Depuis toutes ces années, je possède toujours le 87C750 UV qui m'a permis d'effectuer les tests et la validation du système : 

Collector!
Le développement et la réalisation de ce DAC à pour moi été une expérience incroyable. 26 ans plus tard, il n'a rien perdu de sa superbe et représente ma plus belle réalisation.



jeudi 5 mars 2020

Finalisation de dépannages.

Ouf, j'en vois le bout. Ces six derniers mois, j'ai du m'occuper de plusieurs appareils dont une majorité de la marque EMU dont des SP12, Drumulators et EIII. Et encore, j'ai un EMU1 à tenter de dépanner mais dont la carte mère semble poser de vraiment gros problèmes.

Ce qui clos la famille EMU est donc la dernière Drumulator que j'ai reçu pour 'expertise' :


Cette machine ne fonctionnait plus du tout. Le système plantait lamentablement lors de l'appui sur certaines touches et la chaîne de traitement audio présentait un nombre de sorties inopérantes, mais je n'ai pu m'en rendre compte qu'après avoir dépanné la partie logique.

Un composant logique défectueux envoyait donc 'balader' le processeur n'importe ou dans son programme avec au final le plantage systématique du système. En gros le décodage d'adresse ne fonctionnait plus correctement. J'ai donc remplacé le composant et ai implémenté à la demande du propriétaire de la machine, les deux extensions qui permettent d'en améliorer le comportement et les fonctionnalités. Tout d'abord, la carte de sélection de deux banques de sons :


Cette carte permet de monter deux kits complets de sons que l'on peut sélectionner par un simple switch placé en face arrière de la machine. Les quatre ROMs d'origine sont en fait concaténées en une seule, ce qui permet de proposer un kit complet par ROM.

Ensuite, la carte 'mémoire' :


Cette extension permet plusieurs choses. Tout d'abord elle remplace la ROM d'origine par une double ROM permettant la sélection soit d'un OS d'origine EMU, soit d'un OS de type Digidrums utilisé avec un kit Digidrums. Pour rappel, les kits Digidrums proposent des formes d'ondes dont les durées ne correspondent pas à celles d'origine. Or, le point de début et la durée de chaque sons sont inscrits dans la ROM programme. Chaque Kit Digidrums est donc composé d'un kit de sons PLUS une ROM OS. Cette carte permet aussi le basculement automatique du bon kit en fonction du type d'OS sélectionné.

De plus cette carte propose deux banques de RAM, elles aussi sélectionnables par l'intermédiaire d'un switch à placer en face arrière. Le système de sauvegarde par pile est remplacé par la mise en place d'une simple pile CR2032 sur support, bien plus facile à remplacer que la solution d'origine.
Une entrée MIDI est aussi implémentée, rendant le 'bidouillage' habituel inutile. Enfin, le système de protection de la mémoire SRAM a été amélioré. Cette dernière fonctionnalité requiert cependant la mise en place d'une liaison sur la carte de la Drumulator, rien de bien sorcier à réaliser :

La modification de la carte : ajout du fil 'noir'.
Et... une fois ces modifications réalisées, je me suis rendu compte qu'une bonne moitié des sorties ne fonctionnaient plus. En fait, et pour une raison que je ne saurais m'expliquer, une partie des composants analogiques étaient défectueux. Les tensions fournies par les régulateurs étaient pourtant correctes. J'ai donc remplacé ces circuits que j'ai placé sur supports :


Une fois toutes ces modifications effectuées, la machine démarre et se comporte normalement.

Avec le recul et les Drumulators que j'ai pu dépanner, je pourrais considérer que ce qui manque à ma carte 'mémoire' est l'implémentation d'un petit circuit de Reset parce que le système de démarrage mis en place par EMU présente parfois des dysfonctionnements dont je n'ai jamais réussi à déterminer les raisons mais que j'ai réussi à contourner de façon fiable.

Et pour rester dans le domaine des boîtes à rythmes, je termine donc ma série de dépannage des six derniers mois par une TR707 :


Le symptôme était somme toute assez simple : plus de sorties audio.
La raison est, elle aussi assez simple, les circuits analogiques de sortie ne sont plus alimentés par l'alimentation négative de -10V.

Après, la raison pour laquelle la génération du -10V ne fonctionnait plus reste assez obscure. Je n'ai pas vraiment pu tester le transformateur présent dans cette alimentation parce que lorsque je l'ai dessoudé, une patte principale est tombée sur le plan de travail. Les composants générant cette tension négative de -10V ayant déjà été dessoudés et ressoudés avant que la machine me soit confiée.


Le système de génération du -10V d'origine est assez simple. Une patte d'un circuit logique estampillé Roland fournit une forme d'onde carrée à la paire de transistors Q1 et Q2 qui eux, alimentent le transformateur T1 fournissant en sortie une tension négative dont la valeur est régulées automatiquement à -10V grâce à la diode Zener D3 qui 'coupe' la base de Q1 en cas de dépassement, ne permettant donc plus au signal de commande en provenance du circuit logique de commander le transformateur. Solution simple et efficace. Mais, le type de transformateur utilisé ne se trouve évidemment plus.

La solution choisie à donc consisté à utiliser un module préfabriqué permettant de générer la tension voulue et à l'implémenter sur la carte de la machine :

Attente du durcissement de la colle.
Une fois cette modification réalisée et testée, la machine ne fonctionnait toujours pas. Les dépannages qu'elle avait subi avaient détérioré une partie des liaisons entre les deux cartes. Dans un premier temps j'ai donc placé des connecteurs à la place des fils directement soudés sur une des cartes et ai placé de longues liaisons pour effectuer les tests plus facilement :


Une fois les tests effectués, j'ai remplacé ces liaisons par des nappes plus adaptées, que j'ai du compléter par un fil unique parce que l'on ne possède jamais les câbles à la longueur ou au nombre de conducteurs désirés, c'est la règle ;-)


Après avoir retravaillé quelques soudures précédemment refaites de façon très artisanale, la machine a pu être remontée dans un état totalement fonctionnel!

Connexions détériorées.

Soudure artisanales...
Et au final, toutes ces machines en panne pour finalement, que quelques composants défectueux. Voici les dernier 'soldats' morts au champ de bataille ces dernières semaines :


Il est toujours 'intéressant' de constater que dans la très grande majorité des cas, les machines que je reçois ont été 'travaillées' précédemment par des personnes ne possédant pas nécessairement les compétences requises. Le résultat est qu'il faut bien souvent traiter les problèmes engendrés par les interventions précédentes en plus des problèmes 'réels'. Ce qui complique parfois singulièrement le travail de dépannage puisque les 'traces' de l'enchaînement du dysfonctionnement originel ne sont plus visibles, ou pire, polluées par d'autres traces réalisées au fil des tentatives de dépannage.

Mais bon, c'est aussi ce qui rajoute de l'intérêt à la chose!


mardi 18 février 2020

Réparation DAC ORELLE DA-180

Changement de sujet, cette fois il ne s'agit pas de dépannage d'un quelconque instrument de musique électronique mais tout simplement d'un DAC Orelle. Cela reste cependant dans le domaine de l'audio.

Il y a quelques jours de cela, j'ai vu passer une petite annonce concernant ce DAC en panne, à prix intéressant :


Après avoir effectué quelques recherches sur la toile, j'ai vite compris qu'il s'agissait d'un appareil du même type que celui que j'ai personnellement construit dans ces années là. Ce DAC date de 1993. J'ai, quant moi, réalisé à peu près le même appareil en 1994. Le début des années 90 marque à mon sens l'apogée des réalisations en audio numérique. Cela faisait une bonne dizaine d'années que la technologie ne cessait d'évoluer pour arriver à des composants de très bonne qualité et faciles à utiliser.

Depuis, la fréquence d'échantillonnage et le nombre de bis n'ont cessé d'évoluer pour des arguments bien plus commerciaux que de qualité. Il restera toujours l'appréciation subjective de la qualité du filtre numérique de construction : ca n'est pas le sujet. Tant que le standard du CD audio restera à 44,1KHz, il en sera ainsi.

Ce DAC utilise un récepteur SPDIF Yamaha YM3623B suivi d'un filtre de sur-échantillonnage toujours de chez Yamaha, le YM3434. Le convertisseur numérique/analogique est, quant à lui, un AD1864 traitant simultanément les deux voies audio. La chaîne de traitement audio que j'avais utilisé dans mon DAC se constituait aussi d'un YM3623B mais suivit d'un filtre DF1700P de chez Burr-Brown puis d'une paire d'AD1862, la aussi de chez Analog Device. Le tout pour un traitement final en 20 bits, alors que ce DAC Orelle dispose d'un convertisseur final de 18 bits.

Les deux appareils sont donc semblables.

Le DIR, le filtre et le convertisseur N/A

Pour en revenir au DAC Orelle, dès son allumage, j'ai été gratifié d'une belle nappe de fumée blanche typique d'un condensateur consumé. Je m'y attendais un peu car dès la première inspection de la carte électronique, j'avais constaté qu'il restai quelques condensateurs au tantale. Ils sont faciles à repérer avec leur forme de goutte et leur couleur orange. Une fois la fumée dissipée, j'ai pu effectivement constater les dégâts :


Ce type de condensateur n'explose pas mais se consumme simplement. Les fumées sont bien évidemment toxiques, il faut donc éviter de les respirer. Bien que les alimentations régulées de certaines parties de l'appareil étaient devenues potentiellement moins fiables, j'ai quand même allumé de nouveau l'appareil pour vérifier si certains composants chauffaient plus que de raison. A ce stade je n'ai rien constaté de dramatique.

Je n'ai pas poussé plus loin les tests et ai décidé en premier lieu de changer tous les condensateurs restant au tantale, ainsi que ceux qui avaient été précédemment remplacés.

J'ai donc placé des condensateurs standards électrolytique mais non polarisés. Le résultat donne ce nouvel aspect :

Plus de couleur orange sur la carte!
J'ai aussi retravaillé un bon nombre de soudures des régulateurs de tension. Lors de précédents dépannages, un bon nombre d'entre eux à été changé. Comme souvent, la personne ayant travaillé sur ce système n'était sans doute pas en mesure de détecter l'origine potentielle du dysfonctionnement. L'attitude par défaut a donc consisté à changer les régulateurs en même temps qu'une partie des condensateurs au Tantale. Le filtre numérique a lui aussi été dessoudé. Je ne sais pas s'il la été remplacé mais, comme il nétait pas correctement remis en place, je l'ai de nouveau dessoudé et ai placé un support de circuit au cas ou il faudrait le remplacer. Le résultat des tests consécutifs aux premières tentatives de dépannage ayant été négatifs, l'appareil a été remisé en l'état.

Sans plus de préparation que cela de m'a part, j'ai donc rebranché ce DAC sur le secteur, l'ai allumé et ai contrôlé quelques signaux à l'oscilloscope. L'ensemble des circuits semblait fonctionner normalement. Les tensions d'alimentation étaient aussi celles attendues. J'ai donc connecté ce DAC sur une source SPDIF. Quelques secondes plus tard j'entendais le relai de connexion des sorties s'activer en même temps qu'un signal sonore sortait de mes enceintes de test. Après quelques heures de fonctionnement, ce DAC ne présente aucun problème.

Test de fonctionnement...
Au final, hormis le problème des condensateurs de découplage au Tantale, je ne vois pas vraiment ce qui à pu causer le dysfonctionnement de cet appareil.

La construction de ce DAC est vraiment bien pensée (hormis les condensateurs au Tantale qu'il ne faut jamais utiliser). Le circuit imprimé est de très bonne facture et bien réalisé. La distribution des alimentations est efficace. Des transformateurs distincts ont été utilisés pour la partie numérique et la partie analogique. Le boitier, enfin, est en aluminium. Force est de constater que son aspect tant extérieur qu'intérieur ainsi que son vieillissement dans le temps est bien meilleur qu'un boîtier identique en métal zingué. De plus, et contrairement à nombre de DAC dits 'de haut de gamme', il n'a pas été fait ici d'usage disproportionné d'épaisseur d'aluminium comme l'on peut trouver sur certaines face avants : ridicule mais commercialement efficace.

A ce propos, le désintéressement pour ce type d'appareil a été concomitant à l'apparition, à partir du milieu des années 90, de circuits intégrés proposant toujours plus de bits de résolution associé à des fréquences d'échantillonnage stratosphériques pour un prix toujours plus bas. Cette guerre aux chiffres et l'inflation de l'épaisseur des faces avant ne sert évidemment que l'intérêt des commerciaux face à des acheteurs naïfs. Pour la qualité sonore, le sujet ne se quantifie pas seulement à des données objectives et, mises à part quelques règles de base qui doivent être respectées lors du développement de ce genre d'équipement, est plus affaire de gout personnel et de règles de 'savoir vivre' audio.

Mis à part la tentative du SACD dont personnellement je n'entends plus parler depuis déjà for longtemps, l'accent semble se porter dorénavant sur le caractère 'artisanal' de ce genre de réalisation. Je pense qu'il est temps pour moi de reconsidérer l'appareil que j'ai créé en 1994 en lui ajoutant cette fois un caractère bien personnel! Je ne vois en effet aucun intérêt à reconstruire un DAC avec des convertisseurs aseptisés disponibles en quantité pour moins d' un Euro!

Pour compléter quelque peu ce petit sujet, certains constructeurs de DACs se sont mis à installer des tubes électroniques dans leur réalisation pour ajouter ce 'fameux' effet tube au rendu sonore. Personnellement je trouve cette pratique quelque peu douteuse, mais bon, commercialement cela permet de faire du lourd et donc de vendre à un prix bien plus élevé un appareil qui donnera peu ou prou les mêmes résultats que le DAC Orelle ci-dessus.

Un bel exemple de ce type de réalisation est le Tri-Vista 21 de Musical Fidelity. Ce DAC est parfaitement étudié et réalisé et donne, je n'en doute pas, un rendu sonore exceptionnel :


On reconnait l'architecture de la machine, qui ressemble à bien des égards à celle du DAC Orelle, mais en beaucoup plus imposant. Je n'ai l'ai pas eu entre les mains,  mais c'est assez amusant de constater que les deux gros transformateurs à l'avant plan semblent ne pas être des transformateurs haute tension imposés par l'utilisation de tubes électroniques (qui semblent fonctionner en basse tension), mais des selfs de filtrage de l'alimentation symétrique de la partie analogique de ce DAC. Du vraiment lourd donc!


lundi 17 février 2020

Au chevet d'un EMUIII.

Dans la série des dépannages, après avoir traité récemment deux SP12 dont une pour laquelle il me reste encore du travail de nettoyage sur les switchs du panneau de commande, j'ai attaqué le dépannage d'un EMUIII :


Ce la ne fait aucun doute, c'était une belle machine à l'époque, et cela reste une belle machine. L'exemplaire qui m'a été donné pour auscultation présente deux voies qui produisent un bruit de fond indiquant un réel problème. La machine est bien construite, dans l'idée. Malheureusement, quelques bricolages ont été nécessaires  pour que la 'belle' étude de départ se concrétise. Rien de scandaleux, mais du coup, quelques câbles et autres nappes empêchent un démontage du rack de carte comme prévu initialement par le constructeur.

Pour tester les voies, à l'origine il était prévu une carte d'extension de bus permettant de sortir les cartes hors du panier, tout en ayant la possibilité de les faire fonctionner normalement afin d'avoir accès aux différents composants. Inutile de compter se procurer ce type de carte. Il faut donc procéder à l'ancienne tout simplement en intervertissant les composants de la voie défectueuse avec ceux d'une voie fonctionnelle, jusqu'à trouver le composant responsable du bruit.

L'EMUIII comporte deux cartes électroniques hébergeant huit sorties audio chacune :

Une carte 8 voies.
Mauvaise surprise, bien que la plupart des composants principaux soient sur support, les convertisseurs numériques/analogiques sont directement soudés sur le circuit imprimé. Dans l'idée, le type de bruit généré par les voies défectueuses me semble être de type numérique. Je ne pense pas que ce soit un problème analogique. Par le passé j'ai déjà eu quelques problèmes avec ces DAC de type PCM53/54/55. Avant toute chose, il me semblait donc important de placer les deux DAC supposés défectueux sur support. Opération dessoudage et soudage de supports de circuits intégrés :

Dessoudage.

Mise en place d'un support de circuits intégré.
Bien évidemment, je possédais des PCM54, mais pas de PCM53. Comme je préfère ne pas trop 'chatouiller' des composants fonctionnels, j'en ai commandé auprès de mes sources fiables habituelles. Rien de tel que de commander ces composants avant les vacances de Noël, cela leur permettra d'arriver à destination pendant mon absence!


Et pendant ce temps-là, la machine attend patiemment la reprise des interventions de dépannage. Evidemment, la vue 'éclatée' n'est pas spécialement 'sexy' :

Et en plus, il faut de la place pour stocker ce genre de machine dans cet état.

Grâce aux innombrables sources d'approvisionnement possibles sur Internet, au bout d'un certain temps, me sont parvenus quelques exemplaires de PCM53JP. Les PCM présents d'origine dans l'EMUIII sont référencés de façon 'anormale', laissant penser qu'il a pu s'agir d'une version spécialement produite pour EMU.

Cette fois-ci avec un PCM réputé fonctionnel.
J'ai aussi du traiter un des canaux de l'autre carte de conversion qui présentait le même problème. Aucune difficulté particulière. Puis la machine a enfin pu être remontée. Assez difficilement quand même parce que les guides du panier de cartes se sont déformés avec le temps et la chaleur, de sorte qu'il n'est pas particulièrement évident d'arriver à ré-insérer correctement les cartes dans le bus fond de panier.

Lors de cette manipulation, j'imagine qu'une torsion sur la carte processeur a amené un des contacts du circuit de gestion du bus SCSI à ne plus être établi avec son support. Les supports de circuits intégrés utilisés étant des modèles double lyres, avec le temps la aussi, il peut arriver que de l'oxydation se dépose sur les contacts, et que le simple fait de bouger une patte du circuit dans le support, l'amène à se 'décoller' du petit contact qui restait, et donc à ne plus être réellement en contact, alors que le circuit semble toujours correctement inséré dans son support. Bref, le résultat a hélas été gênant puisque le circuit en question a tout simplement 'grillé'.

Cela n'arrive pas souvent, mais comme d'habitude cette mésaventure m'est arrivée au plus mauvais moment. C'est à dire lorsque j'avais tout remonté. Il m'a donc fallu démonter de nouveau pas mal d'éléments de la machine pour effectuer le dépistage de ce nouveau problème, puis sa réparation en remplaçant le circuit par un exemplaire que je possédais en stock après avoir dépanné un Studio 440 de Séquential Circuits.

Enfin, quand tout fût testé et fonctionnel, j'ai pu remonter la coque de la machine. Le propriétaire à donc pu constater la disparition du problème de distorsion sur les deux voies et repartir heureux avec son EIII!

La machine réelle une fois remontée et testée.

Pour l'anecdote : l'EMUIII a été élaboré autour d'un processeur 16 bits puissant de l'époque. Non, il ne s'agit pas du 68000 mais du NS32016 de National Semi Conductor. Hormis quelques systèmes informatiques qui ont utilisé ce type de processeur, il semble que l'EMUIII soit le seul exemple de machine dédiée, c'est à dire pas un ordinateur en tant que tel, qui ait jamais été développé autour de cette famille de processeurs. En ce sens, l'EMUIII représente aussi un vrai intérêt patrimonial.

Autre anecdote : le processeur NS32016  possède quelques bugs. Comme tout processeur sans doute, mais visiblement en plus grand nombre que la moyenne de l'époque. EMU s'en est donc bien sorti avec ce système puisque l'EMUIII n'a jamais présenté de bugs de fonctionnement.

Pour plus d'informations à ce sujet, je vous invite à visiter le site de Udo Möller à cet endroit : www.cpu-ns32k.net/. Vous y trouverez pléthore d'informations sur ce processeur ainsi que l'utilisation qui en a été faite dans l'EMUIII.


Dernier mot : l'ensemble des cartes de cette machine pourrait aujourd'hui être contenu dans un processeur embarqué rapide de type ARM que l'on trouve chez STmicro par exemple. Peut-être épaulé d'un petit FPGA pour les entrées/sorties et l'adressage des multiples convertisseurs. Le tout pour quelques dizaines d'Euros. La machine ne présente donc en principe plus aucun intérêt. Si ce n'est qu'elle fonctionne toujours très bien, et que ses prestations sont et seront toujours très honorables. Raison pour laquelle il demeure important de sauver ce type de matériel!