Après le mini 'Maker Faire' de Saint Malo qui s'est déroulé en 2013, le CentQatre accueillait à Paris la première réunion d'envergure de ce genre les 21 et 22 juin. Pour la petite histoire, il est amusant de se remémorer que le CentQuatre, devenu depuis sa réhabilitation la place d'un dynamisme culturel fortement encré dans l'actuel, fût de 1874 à 1998 un haut lieu des Pompes Funèbres!
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Je passerai sur l'organisation de la manifestation qui m'a semblé tout à fait correcte, et les différents ateliers proposés, permettant à un large public d'y trouver son compte. L'impression 3D y était bien évidemment largement représentée ainsi que la plateforme Arduino, omniprésente, mais pas que. Des ateliers divers tant dans la forme que dans l'activité proposée ont sans doute permis à bien des visiteurs de se découvrir un intérêt pour le faire soi-même. Démystifier le sujet fait sans aucun doute parti des missions de ce genre de manifestation. L'inévitable atelier soudage était donc bien présent. Au delà du côté anecdotique que peut présenter l'assemblage de deux diodes et d'une pile sur un morceau de circuit imprimé, l'aspect gratifiant d'un montage réalisé et fonctionnel pour qui n'a jamais été confronté qu'à la surface tactile de son 'smart phone' permet au moins d'appréhender ce qui peut pousser les 'Makers' à faire...
En ce qui me concerne, parmi la multitude de produits proposés j'en ai sélectionné trois qui me semblent tout à fait intéressants pour qui souhaite non pas acquérir un produit fini, mais développer sa propre solution.
Le premier produit concerne la commande de machines de type CNC ou imprimante 3D ou pourquoi pas de lignes automatiques quelconques puisqu'il s'agit de commander de façon générale des moteurs pas à pas selon un script bien précis. J'ai donc nommé la Smoothie Board.
Cette carte est en mesure de piloter jusqu'à 5 axes plus d'éventuels autres actionneurs de forte puissance. Elle comporte moult accessoires permettant sa commande, un port Ethernet, une carte SD, un port USB, etc... Les informations détaillées sur ce produit se trouvent à cette adresse :
http://smoothieware.org/smoothieboard .
Il s'agit d'un produit Français, développé en partie par
Arthur Wolf avec lequel j'ai pu échanger lors de mon passage sur son 'stand'. Je possède depuis fort longtemps une fraiseuse Profiler d'Elektor que je n'ai jamais mise en fonction. La partie commande de cette fraiseuse amateur est totalement propriétaire et hors date. La perspective de donner vie à cette machine avec une carte Open Source permettant de surcroît l'utilisation de logiciels de commande eux-aussi Open Source et 'Up to Date' me semble tout à fait intéressante.
Les deux produits suivants concernent l'Internet des Choses... Pour résumer de façon simple ce concept, on peut dire que l'objectif de ce type de produit est de permettre la commande de systèmes distants par l'intermédiaire du réseau Ethernet et, par extension, du réseau Internet.
Depuis très longtemps, les machines automatiques sont en mesure de communiquer entre-elles. Le plus souvent par l'intermédiaire de réseaux simples et plus ou moins propriétaires. La démocratisation de la technologie, associée à un prix de production devenu très bas, permet aujourd'hui d'étendre de façon importante le champ d'applications de ce type de produit. Et notamment pour tout ce qui concerne l'automatisation des bâtiments et le 'reporting' de mesures.
Passer d'un réseau propriétaire simple sur du RS485 au réseau Internet n'est pas une mince affaire. Vient s'inviter dans le processus de développement, le protocole TCP/IP et la 'fameuse' pile associée. Cette 'pile' n'est en fait qu'un ensemble de bouts de programmes qui se parlent entre-eux de façon verticale. Un bout de code produisant un résultat qui sera exploité par un autre bout de code placé au dessus et ainsi de suite jusqu'à l’obtention des données réelles à exploiter par l'application, d’où la dénomination de 'pile'. Précisons pour ne pas être que simpliste, que cette pile répond aux spécifications du
modèle OSI et qu'elle est tout sauf simple à développer.
La tendance actuelle consiste donc à utiliser un ensemble de logiciels contenant cette pile déjà programmée apte à fournir tous les services de transport de l'information. Et si ces logiciels peuvent, de plus, offrir un cadre d’exécution permettant l'utilisation de ces ressources réseau, pourquoi hésiter. Linux offre toutes ces possibilités sous la forme d'un système d'exploitation 'prêt' à l'emploi.
Tout n'est pas si simple. Pour implémenter une version de Linux, il convient de disposer d'un matériel suffisamment puissant et disposant des ressources mémoire nécessaires. Il faut souvent adapter le noyau Linux à la plateforme processeur utilisée et développer un mécanisme simple pour commander des entrées/sorties physiques, Linux n'étant pas vraiment prévu pour cela à la base. Mais le prix du matériel, l'adaptabilité du noyau Linux et son système d'entrées/sorties sur fichier, ainsi que la compétence de développeurs souvent issus du milieu du libre, ont permis d'arriver à des solutions devenant viables et peu onéreuses. Soyons clairs, ces systèmes ne seront 'jamais' aussi simples à utiliser qu'une carte Arduino de base, mais avec un peu de bonne volonté et de patience, cela devient aujourd'hui tout à fait réalisable.
Première solution éditée par la société Suisse
Dog Hunter, le système de développement
Linino One dont le concept semble se rapprocher très fortement de la carte Arduino Yum, carte à laquelle la société à contribué au développement. Le système est composé d'une carte principale dotée d'un processeur d'entrées/sorties ATmega32u4, connecté à un système fonctionnant sous OpenWRT, une version particulière de Linux sur processeur Qualcomm d'architecture Mips.
Décodage : L'
ATmega32u4 est un processeur 8 bits de la société Atmel, compatible avec les processeurs du même constructeur que l'on trouve sur la première carte Arduino, la UNO. OpenWRT est le système d'exploitation Linux mais adapté à l'embarqué. Qualcomm est le fabricant du processeur dédié ici au système OpenWRT et enfin Mips est l'architecture de processeur sur laquelle est basée le circuit Qualcomm.
Une offre 'spéciale salon' était pratiquée par Dog Hunter incluant la carte Linino One accompagnée de ses accessoires DogRJ45 et DogUSB. Je n'ai pas résisté à la tentation :
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L'offre 'spéciale' MakerFaire. | | |
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Les objets Linino + DogRJ45 + DogUSB. |
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Le tout assemblé. |
Il ne reste plus qu'à expérimenter sur le sujet...
Deuxième solution, cette fois éditée par l'agence d'innovation
Nodesign.net. Il s'agit du projet
WEIO. Je n'ai pas pu pour l'instant, obtenir plus d'informations techniques sur le contenu de la carte, mais celle-ci, contrairement à beaucoup d'autres solutions du même type, semble intégrer directement un serveur HTML fournissant, par l'intermédiaire de pages WEB, tout le nécessaire pour programmer l'appareil, notamment par la mise à disposition d'un environnement complet de développement en ligne, le Web Dev. Le système se programme en HTML5 et Python.
La carte WEIO semblerait contenir, outre un module wifi basé sur un processeur Qualcomm AR9331, le même type de processeur que celui du projet Dog Hunter présenté ci-dessus, un circuit s'occupant des entrées/sorties, visiblement de la famille LPC11uXX de chez NXP. Il s'agit d'un processeur de type ARM
Cortex-M0 en 32 bits et 50Mhz, contrairement au processeur 8 bits d'Atmel pour la solution Dog Hunter. Il est possible d'obtenir plus d'informations sur ce produit à cette adresse : we-io.net. A noter que WeIO va lancer une campagne de crowd funding durant le mois de juillet. Il est prévu la disponibilité des cartes WeIO pour le mois de septembre.
Cette plateforme de développement semble prometteuse tant en terme de fonctionnalités qu'en ergonomie de développement et mérite de s'y intéresser. Il s'agit d'un projet développé en France...
Le côté sombre de la force.
Lors de ce Maker Faire, d'autres acteurs, moins 'friendly' étaient présents, notamment Intel avec la promotion de la plateforme Galiléo.
Il s'agit ici d'un avis personnel, mais je ne peux m'empêcher de regarder avec grande méfiance l'arrivée de cet acteur dans le milieu du 'DIY'. Non pas qu'il ne soit pas intéressant qu'Intel propose tout son savoir faire et son expertise en terme de processeur, cela pourrait être à la limite regrettable qu'il ne le fasse pas, mais la force commerciale et l'artillerie technique que serait à même de mettre en place cette société pour très rapidement truster le marché et tuer tout ce qui fait l'âme du DIY, à savoir la compétence personnelle et le foisonnement actuel d'idée et de réalisations est à prendre en grande considération.
Pour ne pas brusquer les âmes sensibles, rien de tel que de se présenter masqué :
Les 'connaisseurs' reconnaitront sur la table un TRS80 modèle 100 et sur le trépied une carte Galiléo. Cette photo a été prise, comme la précédente, sur le 'stand' Intel. Certes le
TRS80 fait parti des machines mythiques des années 80 (année de sortie en 1983). Il était équipé d'un processeur Intel 80C85, un très bon produit de l'époque. Mais n'oublions pas qu'au même moment, était déjà sorti l'IBM PC qui, associé très tôt à Microsoft, à détruit en l'espace de quelques années tout le foisonnement informatique du début des années 80. Pour le bien de tous? Pas sur.
Nombre de concepteurs, d'inventeurs, de bidouilleurs ont vu disparaître toute possibilité d'activité professionnelle et ont été contraints à accepter des postes subalternes sous payés, voire de tout abandonner pour aller 'planter des choux' au fin fond de je ne sais ou. Tout le monde n'a pas été perdant, le commerce de là haute technologie inutile, puérile, avilissante ne s'est jamais aussi bien porté qu'aujourd'hui. Intel et Microsoft valent des milliards de dollars. Et vous? De quoi vivez vous?
Vous êtes prévenus. Si vous souhaitez reproduire le modèle actuel, arrivé à son terme, de l’ingénierie informatique ou le diplôme fait loi, ou la standardisation des matériels n'apporte plus qu'ennui et lassitude, et ou finalement, déclassé par une technologie dont vous n'êtes pas acteur, vous vous réfugiez dans la fonction publique en solution de dernier secours, n'hésitez pas!
Et Elektor dans tout ça?
Et bien non. Force est de constater qu'Elektor n'était pas présent à cette Maiker Faire. Par contre, j'ai pu discuter avec Denis Bodor, le rédacteur en chef de la revue Open Silicium et de la toute récente parution :
Hackable Magazine, dont le premier numéro était disponible en avant première! A mon humble avis, ces deux revues forment un duo très intéressant pour qui veut débuter et évoluer dans le monde de l'électronique numérique créative.
Conclusion?
Tout un nouveau marché semble être sur le point d'émerger. Les grands acteurs de l'électronique numérique s'en sont, eux aussi, rendu compte. Ce marché ne va pas être simple, sans doute. La concurrence va jouer. Mais que ce soit celle des idées et non pas uniquement celle de la puissance économique.
Les prochains Maker Faire?
Du 5 au 6 juillet à
Hanovre.
Du 3 au 5 octobre à
Rome.
Bon voyage.