Ce la ne fait aucun doute, c'était une belle machine à l'époque, et cela reste une belle machine. L'exemplaire qui m'a été donné pour auscultation présente deux voies qui produisent un bruit de fond indiquant un réel problème. La machine est bien construite, dans l'idée. Malheureusement, quelques bricolages ont été nécessaires pour que la 'belle' étude de départ se concrétise. Rien de scandaleux, mais du coup, quelques câbles et autres nappes empêchent un démontage du rack de carte comme prévu initialement par le constructeur.
Pour tester les voies, à l'origine il était prévu une carte d'extension de bus permettant de sortir les cartes hors du panier, tout en ayant la possibilité de les faire fonctionner normalement afin d'avoir accès aux différents composants. Inutile de compter se procurer ce type de carte. Il faut donc procéder à l'ancienne tout simplement en intervertissant les composants de la voie défectueuse avec ceux d'une voie fonctionnelle, jusqu'à trouver le composant responsable du bruit.
L'EMUIII comporte deux cartes électroniques hébergeant huit sorties audio chacune :
Une carte 8 voies. |
Dessoudage. |
Mise en place d'un support de circuits intégré. |
Et pendant ce temps-là, la machine attend patiemment la reprise des interventions de dépannage. Evidemment, la vue 'éclatée' n'est pas spécialement 'sexy' :
Et en plus, il faut de la place pour stocker ce genre de machine dans cet état. |
Grâce aux innombrables sources d'approvisionnement possibles sur Internet, au bout d'un certain temps, me sont parvenus quelques exemplaires de PCM53JP. Les PCM présents d'origine dans l'EMUIII sont référencés de façon 'anormale', laissant penser qu'il a pu s'agir d'une version spécialement produite pour EMU.
Cette fois-ci avec un PCM réputé fonctionnel. |
Lors de cette manipulation, j'imagine qu'une torsion sur la carte processeur a amené un des contacts du circuit de gestion du bus SCSI à ne plus être établi avec son support. Les supports de circuits intégrés utilisés étant des modèles double lyres, avec le temps la aussi, il peut arriver que de l'oxydation se dépose sur les contacts, et que le simple fait de bouger une patte du circuit dans le support, l'amène à se 'décoller' du petit contact qui restait, et donc à ne plus être réellement en contact, alors que le circuit semble toujours correctement inséré dans son support. Bref, le résultat a hélas été gênant puisque le circuit en question a tout simplement 'grillé'.
Cela n'arrive pas souvent, mais comme d'habitude cette mésaventure m'est arrivée au plus mauvais moment. C'est à dire lorsque j'avais tout remonté. Il m'a donc fallu démonter de nouveau pas mal d'éléments de la machine pour effectuer le dépistage de ce nouveau problème, puis sa réparation en remplaçant le circuit par un exemplaire que je possédais en stock après avoir dépanné un Studio 440 de Séquential Circuits.
Enfin, quand tout fût testé et fonctionnel, j'ai pu remonter la coque de la machine. Le propriétaire à donc pu constater la disparition du problème de distorsion sur les deux voies et repartir heureux avec son EIII!
La machine réelle une fois remontée et testée. |
Pour l'anecdote : l'EMUIII a été élaboré autour d'un processeur 16 bits puissant de l'époque. Non, il ne s'agit pas du 68000 mais du NS32016 de National Semi Conductor. Hormis quelques systèmes informatiques qui ont utilisé ce type de processeur, il semble que l'EMUIII soit le seul exemple de machine dédiée, c'est à dire pas un ordinateur en tant que tel, qui ait jamais été développé autour de cette famille de processeurs. En ce sens, l'EMUIII représente aussi un vrai intérêt patrimonial.
Autre anecdote : le processeur NS32016 possède quelques bugs. Comme tout processeur sans doute, mais visiblement en plus grand nombre que la moyenne de l'époque. EMU s'en est donc bien sorti avec ce système puisque l'EMUIII n'a jamais présenté de bugs de fonctionnement.
Pour plus d'informations à ce sujet, je vous invite à visiter le site de Udo Möller à cet endroit : www.cpu-ns32k.net/. Vous y trouverez pléthore d'informations sur ce processeur ainsi que l'utilisation qui en a été faite dans l'EMUIII.
Dernier mot : l'ensemble des cartes de cette machine pourrait aujourd'hui être contenu dans un processeur embarqué rapide de type ARM que l'on trouve chez STmicro par exemple. Peut-être épaulé d'un petit FPGA pour les entrées/sorties et l'adressage des multiples convertisseurs. Le tout pour quelques dizaines d'Euros. La machine ne présente donc en principe plus aucun intérêt. Si ce n'est qu'elle fonctionne toujours très bien, et que ses prestations sont et seront toujours très honorables. Raison pour laquelle il demeure important de sauver ce type de matériel!
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